Seniors : comment accompagner une personne qui n’a plus envie de vivre ?

Théorie encore très controversée, le syndrome de glissement touche tout autant les hommes que les femmes. On l’observe en grande majorité chez les personnes âgées de plus de 80 ans. Les causes médicales n’étant à ce jour toujours pas clairement définies, les professionnels de santé ainsi que l’entourage des personnes atteintes par ce trouble ne savent pas comment réagir. La difficulté est en effet de distinguer le syndrome de glissement d’une baisse passagère de moral.

La perte d'envie de vivre.
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Depuis quand parle-t-on de ce syndrome ?

Ce terme gériatrique a été utilisé par la première fois en 1956 par Jean Carrié. Ce docteur décrit cette notion psychologique dans une thèse au sujet des décès des seniors en hospice. Peu à peu, d’autres chercheurs et spécialistes se sont emparés de cette théorie et ont complété ses travaux.

Qu’est-ce que le syndrome de glissement chez les personnes âgées ?

Se laisser glisser vers la fin en arrêtant d’éprouver de l’enthousiasme pour ce que la vie peut apporter. C’est ainsi que l’on peut définir le syndrome de glissement. Ce phénomène se caractérise notamment par un repli sur soi, la perte d’appétit ou d’intérêt, le mutisme, de l’agressivité ainsi qu’une grande tristesse. Il s’apparente donc à une sorte d’état dépressif. Il est néanmoins important de le dissocier de la dépression car, même si ces deux troubles partagent des symptômes communs, ils n’évoluent pas de la même manière.

Quelle est la différence avec une dépression ?

La différence principale réside dans la rapidité où le comportement de la personne âgée change. Presque du jour au lendemain, l’individu affecté par le syndrome de glissement semble ne plus vouloir « faire d’efforts » pour préserver sa santé et son bien-être. À contrario, la dépression est une maladie mentale qui prend davantage de temps à s’installer. Elle peut alors se déceler à temps car les changements s’opèrent petit à petit. Par ailleurs, les personnes dépressives ont tendance à se détester ou se sentir coupable. Elles font également preuve d’un comportement autodestructeur ou suicidaire activement. Ces concepts sont absents du syndrome de glissement.

Pourquoi ce syndrome n’est pas officiellement reconnu par le corps médical ?

Bien que le syndrome du glissement soit une réalité évidente pour tous les professionnels de santé proches des sujets âgés, il n’en reste pas moins que sa reconnaissance officielle comporte un danger. En effet, la définition de ce trouble suggère qu’il s’agit d’un processus naturel et inexorable lorsqu’une personne atteint un âge avancé. L’entourage peut alors assimiler cette réaction comme une dernière volonté qui doit être respectée. Toutefois, il faut garder en tête que cette situation relève davantage du constat que d’un réel diagnostic médical. Le danger est donc que l’équipe soignante ainsi que l’entourage écartent l’éventualité qu’un autre mal soit à l’origine de cet état.

Qui peut être concerné par cette maladie ?

Cette pathologie touche dans la majorité des cas les individus âgés de 80 ans ou plus. C’est un phénomène que l’on peut détecter à la fois chez les personnes âgées qui vivent encore à domicile mais également chez des individus qui vivent en collectivité en maison de retraite. La crise du Covid-19, et plus particulièrement les périodes d’isolement, ont accentué ce phénomène inquiétant.

Quels sont les conséquences du syndrome de glissement ?

Une fois décelé, le syndrome de glissement est très difficile à vivre pour les proches et les aidants-familiaux qui se sentent parfois démunis face à cette situation préoccupante. Certains spécialistes considèrent que cette pathologie encore méconnue du grand public ressemble à une sorte de suicide passif. En effet, la personne souffrant de ce syndrome donne l’impression d’avoir renoncé à vivre et qu’elle attend son heure. Malheureusement, cet état provoque le décès prématuré de l’individu dans 80% des cas.

Quels sont les potentielles causes ?

Il y a souvent un élément déclencheur qui marque le début de ce changement comportemental. Une maladie, un choc émotionnel, un traumatisme, le décès d’un proche, une blessure ou un accident, une hospitalisation ou encore un changement brutal et déchirant d’habitat. Il serait observé plus fréquemment chez les personnes âgées fragiles et atteintes de pathologies multiples depuis de nombreuses années.

L’état de santé dans sa globalité se dégrade et fragilise la personne âgée

Ces troubles apparaissent sous différentes formes :

  • Une perte d’appétit, voire un refus total de s’alimenter. Cette dénutrition déclenche forcément une fonte de la masse musculaire, une perte de poids significative et peut également augmenter le risque de chute grave.
  • Une déshydratation sévère car le senior refuse de boire
  • Une perte d’autonomie fulgurante
  • Des douleurs ou des troubles physiques qui n’existaient pas ou peu jusqu’alors
  • Une fatigue importante qui entraine un alitement prolongé
  • Plus d’envie, plus d’enthousiasme, un désintérêt pour tout, un mutisme
  • Un gros manque d’hygiène entrainant des inconforts, une gêne pour les autres dans les résidences collectives et un risque accru d’infections

Comment réagir ?

Le plus important est d’être à l’écoute et alerte face à des changements de comportement brutaux. Il faut également veiller à ne pas infantiliser un proche et de l’entourer au maximum sans l’étouffer. Au moindre doute, vous pouvez prendre rendez-vous avec le médecin traitant qui pourra vous accompagner sur le chemin de la guérison : réalimentation, prescription de médicaments si nécessaire, admission dans un EHPAD familial, etc.

Mais rassurez-vous, cet état n’est pas irréversible. Une guérison est possible si le trouble est détecté à temps. Avec un accompagnement adapté et des soins de qualité, le syndrome de glissement laisse place à un mieux-être.