Est-il possible de détecter le risque de stress post-traumatique aux urgences ?

Repérer les troubles de stress post-traumatique, également appelé TSPT, est l’un des objectifs des professionnels de la psychologie et de la santé mentale. Mais détecter les symptômes et les prédispositions n’est pas une mince affaire… Néanmoins, des chercheurs du monde entier tentent de trouver des solutions pour faciliter leur détection afin de prendre en charge les patients beaucoup plus rapidement.

Prise en charge d'une personne victime d'un choc émotionnel.
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Un dépistage précoce proposé par une étude de l’Inserm

L’institut national de la santé et de la recherche médicale a commencé à se pencher sur la question il y a déjà quelques années de cela. Les chercheurs et médecins de Bordeaux affirment en effet que près de 20% des patients admis aux urgences après un événement stressant étaient susceptibles de souffrir de divers symptômes parfois plusieurs mois après. Et jusqu’à 5% d’entre eux souffriraient d’un trouble de stress post-traumatique. L’Inserm ajoute d’ailleurs que si la « plupart des personnes vont guérir de ces troubles dans les 3 mois suivant l’évènement », 20% d’entre eux vont développer une forme chronique sous forme de TSPT aigus.

Ces troubles débutent bien souvent avec l’apparition de pensées intrusives, de stratégies d’évitement, de rêves et de cauchemars ou de crises d’anxiété. Mais, à terme, ces troubles sont susceptibles d’évoluer vers des symptômes encore plus problématiques tels que les insomnies, les changements de comportement, les phobies et l’isolement social.

À ce propos, l’Inserm recommande le recours à un psychologue EMDR pour prendre en charge ces troubles. Lors d’une étude menée en 2018, 130 patients admis aux urgences ont été suivis par des chercheurs. Pour ces travaux d’étude :

  • Un tiers des patients ont bénéficié d’un entretien avec un thérapeute EMDR d’une heure
  • Un autre tiers a été en contact pendant environ 15 minutes avec un psychologue
  • Le dernier tiers n’a reçu aucune prise en charge psychologique

La conclusion ? Une séance d’EMDR précoce permettrait de réduire drastiquement le risque de troubles de stress post-traumatique plus tard.

L’idée serait donc d’élaborer un outil d’évaluation pour déterminer le niveau de risque de développer des symptômes à la suite d’un passage aux urgences après un accident ou un évènement traumatisant. La méthode EMDR pourrait être considérée comme un moyen de prévention privilégié pour « dépister » puis atténuer les angoisses et les troubles anxieux.

Réduire le plus rapidement possible l’impact psychologique d’une admission aux urgences consisterait un enjeu de santé publique !

Une équipe de chercheurs américains a développé un algorithme

Même si la technologie de l’intelligence artificielle ne pourra pas remplacer le rôle de l’humain, elle peut nous être d’une aide précieuse pour la détection du stress post-traumatique notamment à la suite d’évènements tragiques qui touchent un panel de la population. Cet algorithme serait en effet capable de prédire le risque de développement d’un trouble du stress post-traumatique auprès des personnes ayant subi un choc émotionnel important.

Au centre médical Irving de l’Université de Columbia aux États-Unis, des chercheurs ont mis au point un algorithme dont le développement repose sur la collecte de données cliniques réalisées aux urgences ainsi que sur des examens biologies et psychologiques. En combinant toutes ces informations, l’intelligence artificielle prend en compte un certain nombre de marqueurs récurrents chez les personnes atteintes du trouble de stress post-traumatique. Cet apprentissage automatisé lui permet d’évaluer le risque chez les victimes d’un accident, d’une agression ou d’un attentat.

Cette découverte nécessite encore des ajustements puisque selon les données de l’étude, 30% des résultats obtenus étaient des faux positifs. Toutefois, cette avancée majeure pourrait faciliter la prise en charge et les interventions dans le but d’atténuer au plus tôt ces troubles parfois très handicapants pour celles et ceux qui en souffrent.