EMDR : quand les patients veulent aller vite, trop vite

Au même titre que l’hypnose, la méthode EMDR se retrouve parfois au cœur de polémiques ou est victime de préjugés totalement infondés. Parmi ces fausses croyances, beaucoup de patients s’attendent à une guérison quasi immédiate dès la sortie du cabinet de consultation. Pourtant, le chemin vers le mieux-être demande un véritable travail thérapeutique qui ne peut être effectué en une seule séance d’EMDR. Recommandée dans le traitement de troubles anxieux par l’OMS, la méthode de désensibilisation et reprogrammation par mouvements oculaires suit en effet un processus très précis.

Les conséquences d'une thérapie trop rapide.
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Un trouble peut en cacher un autre

Quoi que puisse en dire les médias colportant des histoires de guérison miraculeuse, un traumatisme ancré durablement dans le quotidien et la psyché d’un patient ne peut pas s’envoler en un claquement de doigts, loin de là. Accentué au fil du temps, ce mal-être peut prendre diverses formes. Souvent passée au silence pendant de longues années, cette souffrance psychologique se traduit souvent par :

  • De l’hypervigilance
  • Des insomnies
  • Des cauchemars
  • Des crises d’angoisses chroniques
  • Un trouble du comportement alimentaire
  • Etc.

Cette tourmente émotionnelle est la raison pour laquelle la cause d’un traumatisme est parfois difficilement indentifiable. Dans une telle situation, quelques exercices de mouvements oculaires ne sont donc pas suffisants. En effet, un réel travail d’introspection en compagnie d’un ou d’une thérapeute expérimentée est nécessaire.

Impossible de supprimer les effets néfastes d’un trauma en une seule fois

Il arrive que des patients prennent contact pour la première fois avec un psychologue EMDR dans l’espoir d’une guérison rapide sans avoir à lutter contre des émotions négatives. Il est possible que le terme de thérapie brève utilisé pour décrire l’Eye Movement Desensitization and Reprocessing participe largement à propager cet amalgame.

S’attendre à des résultats rapides est une réaction normale, et c’est tout à fait humain. Mais n’oublions pas qu’un traumatisme profond ne pourra pas disparaître du jour au lendemain.

Le piège d’un retraitement réalisé trop précocement

Consulter un professionnel de santé compétent pour soigner un trouble anxieux ou un syndrome de stress post traumatique est la bonne décision. Néanmoins, sans de véritables échanges entre le patient et le thérapeute, la méthode EMDR ne peut pas fonctionner. De la même manière, effectuer les exercices de retraitement par mouvements oculaires trop rapidement n’aura pour effet que de traiter le mal-être en surface. Par conséquent, la rechute est prévisible. Pire encore, cette rechute peut provoquer chez le patient une perte de confiance pour le corps médical et le pousser à l’isolement social.

Par ailleurs, en allant trop vite, le risque est de potentiellement rater le coche en ne laissant pas le système d’auto-guérison s’activer au bon rythme. Le cerveau possède en effet des capacités d’auto-guérison. Ces dernières peuvent être entravées par des traumas importants mais de nouveau libérées grâce à un accompagnement thérapeutique adapté.

Le spécialiste EMDR doit être en mesure d’identifier les signaux cachés

Le praticien ou la praticienne EMDR peut parfois éprouver des difficultés à faire comprendre au patient que la durée du traitement ne peut être fixé à l’avance. Il arrive en effet que le patient souhaite que la thérapie EMDR se réalise dans un délai restreint sans être en mesure d’en formuler la raison.

À ce sujet Olivier Piedfort-Marin (de l’université de Lorraine à Metz) évoque cette tendance dans sa publication Transfert et Contre-transfert dans la Thérapie EMDR. Il explique notamment que les praticiens EMDR devraient être conscients que derrière un besoin bien compréhensible d’une guérison rapide puisse se cacher une vision biaisée du déroulement d’une thérapie.

Pour illustrer son propos, il donne l’exemple d’une personne dont les parents n’ont jamais pris le temps de l’écouter. Le patient ne s’attend donc pas à ce qu’un étranger le fasse. Par conséquent, le patient souhaite aborder la thérapie uniquement d’un point de vue technique : « J’ai assez souffert, je veux une thérapie rapide et technique qui est démontrée efficace ».

L’effet de retraumatisation est différent pour chaque individu

En fonction du traumatisme vécu, de la réceptivité du patient et du travail qui s’accomplit à chaque rencontre, le nombre de séances peut évidemment varier. Mais un autre critère doit également être pris en compte. En effet, le thérapeute doit faire face à une autre difficulté : l’effet de retraumatisation. Etudié encore aujourd’hui par l’IFEMDR (l’Institut français de l’EMDR), ce phénomène est une étape de la thérapie EMDR durant lequel le patient revit pleinement son ou ses souvenirs douloureux.

Un traumatisme ravivé n’est pas un moment agréable, vous en conviendrez. Or, pour que le traitement soit efficace, le patient ne doit ni être submergé par ses émotions, ni coupé de ces dernières. Pour trouver ce juste milieu, l’IFEMDR a évoqué en 2012 une méthodologie lors d’un séminaire appelé « Faciliter un traitement bloqué ». Lors de ce module, trois tests ont été décrits. Ces derniers permettent au thérapeute d’évaluer si l’état émotionnel du patient nécessite d’employer des exercices de stabilisation ou si le traumatisme peut être retraité.

En fonction des résultats de ces tests, la guérison psychologique sera donc plus longue pour certains patients que pour d’autres. Mais, quoi qu’il arrive, il faut retenir que la fin du traitement se traduit par une paix intérieure durable. Pour résumé, faites confiance à votre praticien EMDR !

Pour plus d’informations, n’hésitez pas à contacter notre cabinet de thérapie EMDR à Nice. La spécialiste Roxanne Rossi se tient à votre disposition pour vous accompagner dans votre recherche de mieux-être.

Des études menées sur les neurosciences cherchent à dénouer les secrets du cerveau et comprendre comment fonctionne la mémoire traumatique. Un sujet très intéressant que nous aurons l’occasion d’aborder dans un billet dédié prochainement.