Le rôle naturel des cauchemars et ce qu’il faut faire s’ils sont trop fréquents

Il vous arrive certainement de faire des cauchemars de temps en temps. Rassurez-vous, c’est tout à fait commun. Ces rêves très désagréables, voire très effrayants, ne sont pas problématiques à partir du moment où ils ne sont pas réguliers et qu’ils n’ont pas d’impact sur le bien-être quotidien des rêveurs.

Néanmoins, quand les cauchemars se font bien trop nombreux et qu’ils sont source d’angoisse ou d’insomnie à la tombée du jour, il convient de chercher l’origine de ces mauvais rêves et éventuellement de consulter un thérapeute pour y mettre fin. Ce sera notre propos du jour.

Ne plus faire de cauchemar.
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Que sont les cauchemars, et quels sont les plus fréquents ?

Ce que l’on nomme « cauchemar » sont en réalité des rêves qui surviennent pendant la phase de sommeil paradoxal et qui se caractérisent par un sentiment de peur et des sensations très désagréables. Ils apparaissent notamment en fin de nuit et physiologiquement, nous pouvons ressentir une accélération du rythme cardiaque ainsi qu’un sentiment diffus de stress, d’angoisse ou de tristesse.

Le saviez-vous ? Les enfants font davantage de cauchemars que les adultes. En temps normal, le nombre de cauchemars diminuerait avec l’âge et deviendrait anecdotique.

À travers le monde, et en particulier à l’université de Montréal, des chercheurs s’attachent à comprendre les mécanismes du cauchemar tout en isolant les thématiques les plus récurrentes. Parmi elles, on retrouve les rêves liés à une agression physique, ceux en rapport avec des conflits entre personnes (au sein de la famille mais aussi dans le contexte professionnel), les situations d’échec et de grand stress, les problèmes de santé et les maladies, le fait d’être poursuivi, attaqué ou sur le point de mourir.

Plus récemment et sans grande surprise, la pandémie du coronavirus a aussi investi nos nuits en dégradant la qualité du sommeil de façon générale. L’augmentation du stress et la peur de perdre des proches seraient à l’origine de cauchemars chez de nombreux sujets comme le rapporte une enquête initiée par l’École de psychologie et du Centre de recherche CERVO. C’est dans ce même contexte que des chercheurs ont mis en lumière un fait pour le moins étonnant : la fréquence des cauchemars aurait augmenté chez les personnes qui ont eu la Covid-19 et la sévérité de ces derniers seraient fortement liée à la gravité des symptômes et de la maladie.

Les conséquences des cauchemars sur la vie quotidienne

Tout d’abord, nous pouvons évoquer la sensation de fatigue persistante. Ces nuits angoissantes et très peu reposantes auront forcément un impact sur la forme en général. Sur le long terme, cette fatigue chronique peut avoir d’autres conséquences négatives comme l’isolement social, un désintérêt pour le travail, des états dépressifs, un burn out, une irritabilité, l’apparition de troubles du comportement…

De plus, la peur de faire des rêves stressants peut engendrer progressivement une insomnie chronique et de grandes difficultés à s’endormir le soir. Cette angoisse peut aussi se traduire par des crises de panique au moment du coucher.

Que disent les spécialistes du sommeil à propos des cauchemars ?

D’un point de vue émotionnel, il serait « normal » de faire des cauchemars. C’est en tout cas le propos de Benjamin Putois (psychologue clinicien mais également auteur du Manuel de guérison des cauchemars aux éditions Les Arènes). Ce dernier affirme qu’il est sain de faire des cauchemars après un moment douloureux ou traumatisant. Ce processus naturel permettrait en effet au cerveau de digérer un évènement et de ne plus se laisser envahir par les émotions négatives qui y sont liées. Cela ne vous rappelle rien ? C’est un peu le même principe avec la psychologie EMDR puisque son rôle est de faciliter le traitement de l’information par le cerveau afin qu’un souvenir douloureux ne soit plus omniprésent dans le quotidien ou l’inconscient du patient.

Toutefois, il arrive que le rêveur se réveille en cours de cauchemar. Dans ce cas, n’étant pas allé jusqu’au bout de cette visualisation désagréable, il est fréquent que le sentiment d’anxiété ou de tristesse persiste dans la journée.

Toujours d’après le spécialiste, les cauchemars joueraient un rôle de régulateur d’émotions. Les mauvais rêves apparaissent lors du sommeil paradoxal. Dans un état de calme et de sérénité, revivre (de façon plus ou moins réaliste) les événements qui nous ont traumatisé ou heurté aura une fonction d’accoutumance qui nous permet de prendre le recul nécessaire pour reprendre une vie paisible dès le lendemain matin. Dès lors que le cauchemar est fréquent, cela traduit un dysfonctionnement du processus de désensibilisation naturel.

À la suite d’un décès, d’un accident, d’un attentat ou de tout autre évènement douloureux, il est normal de faire plusieurs mauvais rêves et de temps en temps. Selon la sensibilité de la personne (qui est propre à chacun) mais également du degré de gravité de ce qu’elle a vécu, plusieurs cauchemars peuvent se révéler « nécessaires » pour que ce mécanisme d’assimilation se réalise progressivement.

Cependant, on aurait tendance à dire que les cauchemars sont problématiques à partir du moment où ils sont récurrents dans une période qui excède 6 mois.

Connaissez-vous la RIM ?

Lorsque l’on évoque les cauchemars et l’impact qu’ils peuvent avoir sur le bien-être de celles et ceux qui en souffrent, une méthodologie thérapeutique est souvent évoquée par les spécialistes du sommeil : la thérapie par répétition d’imagerie mentale. Que l’on connait aussi sous le sigle RIM.

Cette pratique, pas très éloignée de la technique de l’Eye Movement Desentitization and Reprocessing finalement, fait appel à l’imagerie mentale pour retravailler le scénario des cauchemars au cours de la journée et ne plus les revivre de la même manière la nuit venue.

En pratique (et résumé de manière simplifiée), il s’agit de reprendre le contrôle sur les mauvais rêves en modifiant de façon consciente des détails ainsi que le contenu des cauchemars. Ce processus de visualisation a recours à l’imagination et permet de réduire l’apparition d’images terrifiantes ou désagréables pendant la nuit.

Est-ce que l’EMDR peut aider à réduire les cauchemars ?

Si ces derniers sont liés à un évènement traumatique plus ou moins récent, il est fort probable que la thérapie par les mouvements oculaires grâce à la stimulation sensorielle bi-alternée (de droite à gauche) soit une solution à envisager. La désensibilisation et le retraitement par les mouvements oculaires est particulièrement recommandé dans le cadre d’une cicatrisation psychique.

Les états de stress post-traumatique peuvent survenir à tout âge et parfois très longtemps après le trauma.

Des témoignages ainsi que des cas d’étude partagés sur le site de l’institut national de l’EMDR en France (l’ifemdr) permettent justement de solliciter cette pratique pour réduire et atténuer l’impact des rêves auprès des patients ayant vécu des traumas dans un passé plus ou moins proche. Ce travail en profondeur, et en plusieurs séances, pourrait selon les histoires de chacun apporter du soulagement et un véritable réconfort au quotidien.