À propos des transferts et contre-transferts dans la méthode EMDR

Dans une spécialité thérapeutique telle que l’EMDR, la compassion et la compréhension du patient sont des notions clés qui permettent aux soignants d’apaiser les troubles liés au stress post-traumatique. Pour augmenter les chances de réussite du travail thérapeutique, la neutralité bienveillante du praticien ou de la praticienne EMDR est un outil central. Nous souhaitons vous en dire plus à ce sujet dans notre article du jour.

Notions de psychologie en thérapie EMDR.
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S’il y a bien une difficulté dans la profession de thérapeute, c’est bien celle de rester neutre. En plus de ne pas remettre en question les choix de vie ainsi que les représentations de son patient, le ou la thérapeute doit également veiller à ce que son vécu n’altère pas son analyse. Pour le soignant, cette neutralité implique notamment de ne pas mêler ses propres traumatismes, qu’ils soient traités ou enfouis, à ses observations. Dans le cas contraire, le risque de faire un transfert est élevé. Cela aurait notamment pour conséquence de perdre toute objectivité et de mettre en péril la réussite du traitement EMDR.

Thérapeute mais pas insensible

Le passé des thérapeutes peut avoir une influence (consciente ou non) sur le déroulement de la thérapie EMDR. Ceci est d’autant plus vrai si le psychologue EMDR est encore dans une phase de traitement de son propre traumatisme et lorsque l’histoire du patient fait écho avec ce dernier.

À ce propos, Olivier Piedfort-Marin qui a centré son travail de recherche sur les problématiques transférentielles et contre-transférentielles propose justement des modules de formation axés sur la protection psychique du thérapeute, le rôle de la compassion ainsi que le cadre adéquat pour accompagner les patients traumatisés.

Enregistrée au registre des psychologues et formée à la psychothérapie EMDR par un organisme reconnu en France, votre praticienne EMDR à Nice vous accompagne avec tout le professionnalisme et la déontologie que requiert un suivi thérapeutique.

Que sont les concepts de transfert et de contre-transfert ?

Avant de définir une méthodologie pour garantir un suivi thérapeutique fiable, le rappel de définitions de deux notions en psychologie analytique s’impose : le transfert et le contre-transfert. Toutefois, ces points ayant fait l’objet de nombreuses théories et de remodelage, il nous est impossible de résumer toutes les nuances que ces processus impliquent. Aussi, veuillez prendre en compte le fait que ce qui suit est une tentative de vulgarisation destinée au plus grand nombre.

Transfert

Nous pourrions définir le transfert comme la projection émotionnelle qui s’exerce sur le thérapeute. Affection, amour, haine, peur. Ce processus psychologique se schématise par le report des émotions sur les personnes, les objets, ou encore, dans la situation qui nous intéresse, sur le ou la psychologue EMDR.

Sans entrer dans les détails ; nous pouvons ajouter qu’il existe deux types de transfert : le positif et le négatif. Le premier concerne les sentiments amicaux ou aimables, tandis que dans le second cas ce sont davantage des émotions liées à l’hostilité et à l’agressivité.

Contre-transfert

Le contre-transfert pourrait être expliqué comme étant les réactions inconscientes qui découlent de cette projection. Dans son écrit « Transfert et contre-transfert, deux leviers solidaires et puissants du travail analytique », Hélène Brunschwig le décrit comme « l’ensemble des réactions éprouvées par l’analyste au cours de son écoute, ce qui le touche, l’émeut, l’énerve, l’agace, le déséquilibre. »

Ce phénomène est très complexe et, s’il n’est pas maitrisé, peut porter préjudice au travail thérapeutique. En effet, le vécu du soignant peut transparaître. Ce phénomène peut notamment se produire à la suite de l’activation d’un souvenir enfoui ou d’un état psychologique chez le praticien. Cela peut également survenir à la suite de l’échange ou d’un comportement avec le patient.

La théorie des neurones miroirs

D’autres phénomènes que le transfert et le contre-transfert mérite d’être soulignés comme la théorie des neurones miroirs. Nous pourrions définir les neurones miroirs comme un mécanisme de projection. À titre d’exemple, c’est un concept que l’on observe très facilement chez les nouveau-nés et les jeunes enfants qui reproduisent les expressions faciales ou les gestes de leurs proches.

Selon cette théorie, un groupe de neurones serait capable de s’animer dès l’évocation ou la perception d’une émotion. Cet outil de compréhension permettrait entre autres d’activer le processus d’empathie. Dans le contexte qui nous intéresse aujourd’hui, l’idée serait que ce système miroir entraine des comportements inconscients chez le thérapeute pendant son accompagnement.

Dans une vignette clinique portant sur le transfert et contre-transfert dans la thérapie EMDR, Olivier Piedfort-Marin relate dans le « Journal of EMDR Practice and Research » (Volume 12, Number 4, 2018) l’histoire d’un psychologue ressentant des effets de somnolence alors qu’il pratiquait l’EMDR sur une patiente de longue date. Lorsqu’il fixait son regard sur le visage de la jeune femme, la somnolence était si forte qu’il était difficile de résister. Cependant, les effets s’estompaient presque immédiatement quand ses yeux se posaient sur un autre élément de son cabinet. Après analyse et une thérapie personnelle, le praticien s’est rendu compte que cette action physique était liée à l’un de ses propres souvenirs traumatiques qu’il n’avait pas encore entièrement traités.

Le praticien doit se prémunir et apprendre à séparer les problématiques

Un protocole de base pour le travail de Désensibilisation et retraitement par les mouvements des yeux se déroule généralement en huit étapes. Nous aurons l’occasion de revenir plus en détails sur ce point dans un prochain article dédié.

Ainsi, pour établir le meilleur traitement qui soit, le thérapeute doit, dans un premier temps, accueillir l’histoire du patient et analyser comment l’aider au mieux tout en veillant à mettre la distance adéquate afin qu’aucune interférence ne vienne troubler son jugement.

Ce travail sur soi est essentiel pour focaliser ses compétences professionnelles sur les besoins réels et concrets du patient. Pour y parvenir plus facilement, de nombreux professionnels travaillant dans le domaine de la psychologie juge utile que le thérapeute suive une thérapie. Toutefois, en cas de conflit émotionnel, il revient au praticien ou à la praticienne de rediriger le patient vers un confrère ou consœur.

Une méthodologie simple pour s’assurer de la neutralité du traitement thérapeutique

Pour déterminer si, en tant que praticien ou praticienne, vous êtes apte à réaliser un suivi thérapeutique EMDR, il convient de se poser quelques questions :

  1. Tout d’abord, quel est le degré de sévérité du traumatisme du patient et est-ce que l’EMDR est l’issue appropriée pour atteindre les objectifs fixés ?
  2. Est-il possible de résister à la pression du patient qui souhaite débuter le traitement au plus tôt, sans nécessairement accorder le temps requis pour mettre en place l’alliance thérapeutique ?
  3. Est-ce que le thérapeute a vécu une histoire similaire ? Si oui, peut-il se détacher de son propre vécu pour aider le patient ou serait-ce plus judicieux de le rediriger vers un confrère ?

Ce travail d’introspection doit être réalisé rapidement afin d’établir une relation de confiance solide entre les deux parties.

La recherche continue

Au cœur de la relation si particulière qui unit un thérapeute et son patient, les notions de transfert et de contre-transfert sont parfois difficiles à expliquer ou à théoriser. Surtout si l’on part du postulat que chaque traitement EMDR est unique, et que, ce qui est valable pour une personne ne l’est pas forcément pour une autre.

Des spécialistes et des chercheurs s’attèlent justement à comprendre ces mécanismes naturels pour permettre aux praticiens d’effectuer leur accompagnement thérapeutique dans les meilleures conditions possibles tout en respectant les dispositions psychiques de chacun, celui des thérapeutes comme des patients.

Avant de conclure, sachez qu’une grande partie des informations retranscrites sont le fruit de l’analyse des travaux réalisés par Olivier Piedfort-Marin. Vous pouvez lire l’intégralité de ses recherches ici.